La symbolique animale en Egypte ancienne...

Publié le par Sabine

Il est aisé de constater, en Egypte ancienne, l'extrême importance de la place que, nulle par ailleurs, les animaux occupaient dans la grammaire des symboles.
Les scribes et dessinateurs les utilisaient pour éterniser fables et légendes. Parfois transformé dans cette mémoire millénaire et collective, on retrouve le sujet fidélement rapporté par Esope (VIIe-VIe siècle av. J-C), écrivain grec à qui l'on attribue la paternité de la fable et même repris plus tard sous la plume d'un La Fontaine, sans perdre pour autant le sens profond de sa signification.
Voici donc, au travers de quelques ostraca (tessons de poterie servant de support à l'écriture ou au dessein) et papirii, des exemples de fables satiriques de l'Egypte ancienne.

  • * Chats au service de la reine souris :

Ce fragment de papyrus (époque ramesside, XIXe dynastie) évoque la fable du peuple. On y voit un chat coiffé une souris. Cette scène est satirique, bien evidemment, et il est amusant d'observer le plus faible, à savoir la souris, se faire servir et apprêter par des chats.


Dans le même registre, cette autre fragment de papyrus (Musée de Bruxelles) nous montre également un chat au service d'une souris.





  • * Le loup et le bouc :


Cet ostracon (Epoque ramesside, XIX e Dynastie) nous fait penser à la fable du 'Loup et du chevreau' que La Fontaine tenait d'Esope, lequel s'était probablement inspiré d'un motif de ce genre ou d'une autre fable égyptienne. Le grand loup joue du double hautbois pour tenir captif le petit bouc.

Ce ne sont, ici, que quelques exemples où le modèle animal est utilisé à des fins ironiques et satiriques.
Parfois, l'imagerie de ces animaux se retrouve à notre époque, employée pour exprimer une signification très peu éloignée de son sens originel.
Prenons, par exemple, ce papyrus satirique de la XIXe Dynastie représentant une gazelle et un lion.

La gazelle évoque, au Nouvel Empire, une favorite royale. Ici, cette 'princesse' joue au senet avec le symbole animal du roi. Il est étonnant de retrouver une certaine similitude figurée de nos jours dans les armes du royaume d'Angleterre.

Ici, nous voyons sur le blason anglais un lion couronné et une licorne armée et entravée au premier. Le lion est le support anglais et la licorne le support écossais. En ce qui concerne, l'exemple égyptien, la gazelle pourrait représenter la Syrie alliée, bien malgré elle, tout comme l'Ecosse vis-à-vis de l'Angleterre, au royaume d'Egypte.


Les animaux ont donc, bien souvent, été mis en scène dans des activités pastichant les comportements humains. Néanmoins, la symbolique animale ne se limite nullement au domaine de la satire, de la fable ou du mythe, mais constitue également une part importante de l'imagerie religieuse. Les figurations animales évoquent, alors, entre autre, l'infinité des expressions du divin.
L'approche particulière des Egyptiens concernant l'animal se traduit dans leur conception du monde vivant. Dans tous les récits de création , il est affirmé que le démiurge, aux origines du monde, a créé à la fois les dieux, les hommes et les animaux sans qu'il y ait apparemment de hiérarchie entre eux. Pour eux, il semble qu'il n'y ait pas de différence fondamentale de nature entre les êtres vivants. Dans cette vision du monde, les animaux comme l'homme peuvent être porteurs de l'élément divin. On ne s'étonnera donc pas qu'un dieu puisse être représenté sous une forme animale, humaine ou hybride.
Ainsi, s'explique la relation si particulière des Egyptiens avec les animaux et la place que ces derniers ont occupé dans l'histoire de l'Egypte ancienne.

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R
Passionant, j'aime bien le coup du chat servant la souris..Le plus fort au service du plus faible; cela me rapelle la "loi" des templiers" au service de la veuve et l'orphelin; mais bon c'est queque chose qui ne passent plus, puisque déjà à l'époque ,ils  se sont  fait grillés..
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